L’une des rares reliques du corps même de Charles Foucauld est conservée à l’abbaye de Notre-Dame des Neiges en Ardèche. Il s’agit « d’un minuscule bout d’un petit doigt » du futur saint, confie Dom Hugues de Seréville, père abbé du lieu.
Il y a une semaine, les moines de Notre-Dame des Neiges ont annoncé laisser leur célèbre abbaye aux sœurs de Boulaur. En leur confiant ce lieu, les trappistes leur font également un don inestimable : les reliques de Charles de Foucauld ! « Il nous a semblé plus juste de les laisser à celles qui vont occuper désormais le monastère », confie Dom Hugues de Seréville, père abbé à Aleteia. La figure de Charles de Foucauld est en effet fortement attachée à Notre-Dame des Neiges puisque le futur saint y a passé sept mois de sa vie après sa conversion. S’il ne deviendra finalement pas trappiste, c’est ici qu’il célèbrera sa première messe en tant que prêtre libre ordonné pour le diocèse de Viviers. « J’ai gardé tout Notre-Dame des Neiges dans mon cœur », écrit Charles dans une lettre. Que Notre-Dame-des-Neiges garde-t-elle de lui ?
« Comme Charles de Foucauld a été assassiné dans le désert et enterré très vite, il n’y a presque pas eu de reliques insignes – c’est-à-dire de reliques de son corps même », explique le Père Hugues de Seréville. Ce qui restait de son corps – son cœur – a été emmuré dans le mur de son ermitage sur le plateau de l’Assekrem en Algérie comme pour manifester le don de sa vie au peuple Touareg. « La seule et unique relique insigne qui existe aujourd’hui est un minuscule bout d’un petit doigt de Charles de la taille d’un ongle », s’amuse le religieux.
Un reliquaire en forme de plat tajine
En 2005, lors de sa béatification, « ce bout de doigt » précieusement conservé par les Petites sœurs de Jésus de Rome est « partagé » et placé dans trois reliquaires. Le premier est donné au pape Benoît XVI alors que les deux autres sont respectivement remis à l’évêque de Viviers et aux moines de Notre-Dame des Neiges. Ces derniers l’exposent alors à la vénération dans une petite chapelle attenante au monastère, dans un écrin de verdure. Depuis plus d’une quinzaine d’années, on peut venir s’y recueillir tous les jours. Bien que les religieux reconnaissent être de « très mauvais communicants », les pèlerins sont tout de même nombreux à venir prier frère Charles en ce lieu. Pour rappeler le lien qui unit l’ermite et le peuple touareg, l’artiste qui a réalisé le reliquaire a choisi de lui donner la forme d’un plat tajine surmonté d’un petit sacré-cœur en ébène. De quoi surprendre le visiteur ! Consciencieusement conservée, la relique n’est sortie qu’une seule fois du monastère lors d’un événement organisé par le diocèse de Versailles.
Son premier calice et ses ornements liturgiques
En dehors de ces trois reliquaires, il existe également de multiples reliques dîtes ‘secondaires’ – des objets ayant appartenu au frère Charles – réparties entre Rome, Nazareth et la France. Les moines de Notre-Dame des neiges ont ainsi la chance de posséder son premier calice et ses ornements liturgiques, cadeaux de sa chère cousine. Après avoir célébré sa première messe en 1901, Charles de Foucauld laisse en effet ces précieux objets car il les trouve trop somptueux pour la vie qu’il souhaite embrasser. De son côté, le musée du souvenir des Écoles de Saint-Cyr Coëtquidan dispose de sa lampe de chevet, d’une truelle et d’un éclat de bois de la porte du Bordj de Tamanrasset. Les petites sœurs de Jésus du couvent de Tre Fontane à Rome ont quant à elle un petit musée dans lequel on retrouve de nombreux objets comme sa sandale ou son compas.
« Le culte des reliques de Charles de Foucauld est peu développé », reconnaît le Père Hugues de Seréville. Mais pour le moine, cela n’a rien d’étonnant. À ses yeux, il ne fait aucun doute que la « vraie relique » léguée par l’ermite n’est autre que « l’urgence de la fraternité à construire dans l’Église et pour l’Église dans le monde ». Un trésor qui mérite de rayonner plus que jamais !