À l’aube de la Toussaint et de la fête des défunts, Aleteia a interrogé le père Thierry de Lesquen qui a publié le 11 octobre 2023 un ouvrage intitulé « Préparer sa mort pour aller au paradis ». Il revient sur la notion même de mort, une « promesse de vie qui n’aura pas de fin », et sur la façon dont on peut vivre dès à présent dans la perspective de l’éternité.
« Si je suis tendu vers une éternité qui est au-delà de la mort, alors mon « aujourd’hui » va changer. » Alors que l’Église s’apprête à célébrer la Toussaint et la fête des défunts, les catholiques profitent souvent de ce moment pour se rendre sur la tombe de leurs proches décédés. Un temps parfois douloureux, parfois apaisant, qui rappelle inlassablement que chacun est de passage sur terre. Pour le père Thierry de Lesquen qui a publié début octobre 2023 un ouvrage intitulé Préparer sa mort pour aller au paradis (Salvator), la mort est bien présente à chaque seconde de notre quotidien. « Si je vis dans l’espérance, alors je vis tourné vers un au-delà de la mort et donc, je la traverse en quelque sorte dès à présent », explique-t-il à Aleteia. « C’est la vie baptismale : plonger dans la mort et la Résurrection, en vivant avec le Christ. Être chrétien, normalement, c’est chercher à vivre au quotidien une vie qui est conforme à la vie éternelle, celle qui ne meurt pas. »
Aleteia : Dans votre livre, votre réflexion accompagne le lecteur avec des pistes très concrètes pour préparer sa mort. Est-ce une invitation à entendre dès à présent, sans attendre des circonstances telles que la vieillesse ou la maladie ?
Père Thierry de Lesquen : L’Évangile nous rappelle que « Vous ne connaissez ni le jour, ni l’heure » (Mt 25, 13). Si on pouvait connaitre le jour de sa mort, on partirait du principe qu’on a du temps devant soi. On risquerait alors de ne pas s’y préparer. D’ailleurs, on connait tous des morts subites autour de nous. Préparer sa mort, ce n’est pas simplement l’envisager de façon pragmatique. Ce n’est pas cela le plus important. C’est surtout le fait que ma mort va dépendre de la manière dont je vis aujourd’hui. Au fond, si je suis tendu vers une éternité qui est au-delà de la mort, alors mon « aujourd’hui » va changer. Mon livre est destiné aux personnes qui sont déjà capables de comprendre la notion de mort, ce qui est possible assez tôt finalement, dès l’âge de raison.
Tout l’enjeu est de prendre conscience de sa condition mortelle et de pas en avoir peur, de l’assumer, de l’affronter pour déjà anticiper ce que nous sommes appelés à être pour toujours.
Si je vis dans l’espérance, alors je vis tourné vers un au-delà de la mort et donc, je la traverse en quelque sorte dès à présent. C’est la vie baptismale : plonger dans la mort et la Résurrection, en vivant avec le Christ. Être chrétien, normalement, c’est chercher à vivre au quotidien une vie qui est conforme à la vie éternelle, celle qui ne meurt pas. En fait, pour moi, il n’y a pas d’âge pour se préparer à la mort. Tout l’enjeu est de prendre conscience de sa condition mortelle et de pas en avoir peur, de l’assumer, de l’affronter pour déjà anticiper ce que nous sommes appelés à être pour toujours.
Comment peut-on définir la mort ?
Ce n’est pas facile de définir la mort de façon positive car elle est essentiellement négative. Elle est une privation de vie, ce qui interrompt l’existence. Mais la difficulté est surtout de savoir de quelle mort on parle. Je développe un peu cela dans mon livre. Il y a la mort physique, bien sûr, qui est a priori inquiétante, contre-nature. Mais derrière elle, il y a plus encore une apparence de mort métaphysique, où tout l’être, toute l’âme semblent disparaître en même temps. Depuis le péché originel, la mort est un drame et elle le sera toujours. Il ne faut pas le nier. On n’est pas fait pour, même si c’est devenu l’état naturel de l’homme. En revanche, si l’on vit la mort dans l’espérance de l’éternité, ce n’est pas la même chose que si c’est une mort sans espérance. La question importante est de savoir si la mort met seulement fin à la vie de ce monde ou si elle interrompt la vie de l’âme pour toujours. Il y a un acte de foi à poser pour croire que la mort physique n’est pas la fin de tout.
Qu’entendez-vous par « préparer sa mort » ?
C’est croire, espérer, être en relation avec Dieu qui est le vivant pour toujours. Et si je suis en relation avec lui, , alors je vis déjà de cette vie qui est au-delà de la mort et la mort perd de sa dimension catastrophique, comme beaucoup d’épreuves de ce monde d’ailleurs. Les choses sont remises à leur juste place.
Par où commencer pour « préparer sa mort » ?
Pour moi, le premier pas est d’assumer cette pauvreté qui est la mienne dans la foi en Dieu qui est la seule source de ma vie. Il n’est pas possible d’affronter sérieusement la question de la mort sans la grâce : un être humain ne peut pas se donner la vie à lui-même.. Il ne sera donc jamais capable de la considérer sérieusement, de s’y exposer sans recevoir préalablement la vie de Dieu. C’est une grâce à demander dans la foi. Au fond, j’ai à me mettre en présence de Dieu, à être prêt à ce qu’Il vienne prendre une place dans ma vie, la première.
Il faut être prêt à se laisser visiter par un Dieu qui ne manquera pas de prendre de la place dans ma vie.
Les épreuves, les échecs de ma vie sont comme des petits « deuils » qui peuvent m’aider à reconnaître que je suis pauvre, petit, mortel. Je reconnais par-là que je n’ai pas la maîtrise de ma vie et du coup, je peux choisir d’abandonner au Seigneur quelque chose de cette existence. L’appauvrissement ouvre sur l’autre pour qu’il vienne remplir le manque. Dans la vie spirituelle, si je ne m’expose pas au Seigneur, Il ne viendra pas. C’est pour cette raison qu’il faut souvent être courageux pour croire. Il faut être prêt à se laisser visiter par un Dieu qui ne manquera pas de prendre de la place dans ma vie. Cela explique aussi pour beaucoup de gens se mettent à croire quand ils sont en situation de vulnérabilité, de pauvreté : je suis prêt à accueillir Dieu dans ma vie parce qu’en ce moment, je ne vais pas bien, j’ai besoin de lui.
Je pense par exemple à Charles de Foucauld qui est allé pendant plusieurs jours à l’église Saint-Augustin, alors qu’il était lui-même assez perdu, pour dire au Seigneur : « Si Vous existez, faites que je Vous connaisse ». C’est, je crois, le temps qu’il lui a fallu pour que sa prière devienne vraie, pour qu’il soit prêt à renoncer à sa maîtrise, à renoncer au contrôle des opérations avec son intelligence, pour se laisser visiter par un autre qui le bouscule. Ce n’est pas moi qui comprends, pas moi qui sais. J’accepte de ne pas savoir, de me laisser visiter par cet autre qui va prendre une place gigantesque. Il me semble que c’est de cet ordre-là. Pour préparer sa mort, il faut à la fois beaucoup d’humilité et la foi. Et pour croire, il faut commencer par le vouloir. Sans humilité, il n’y a pas de vérité et on ne peut pas être disponible pour le Tout-Autre qu’est Dieu.
Et pour celui qui est confortablement installé dans sa vie parce qu’il est riche de toutes sortes de choses, matériellement, intellectuellement, professionnellement ou encore de sa vie de famille , le besoin de Dieu n’est pas immédiat. Dans la pauvreté en revanche, la pauvreté de cœur, il devient normal de se tourner vers Dieu. Et si je demeure en présence de Dieu qui est la Vie, je peux accepter d’être mort. Je peux accepter la mort de ce monde parce que je suis déjà tourné vers la vie éternelle.
Dans votre livre, vous évoquez les « petites morts », quelles sont-elles ?
En fait les petites morts sont ces épreuves qui nous arrivent dans la vie et qui nous appauvrissent, qui brisent nos illusions d’autonomie. La pauvreté à laquelle nous sommes tous appelés par le Seigneur (cf. Mt 5,3), on ne veut pas la vivre en fait ! Il ne faut pas se mentir : on n’y arrive pas. Parmi les plus pénibles de ces épreuves, on peut citer la vieillesse ou la maladie, que l’on a à vivre sur la durée, ou encore les deuils de notre entourage. Mais les petites morts, ce sont aussi tous ces échecs du quotidien qui nous humilient et plus largement encore, ces multiples contraintes de notre vie de tous les jours. Elles sont faciles à reconnaître si l’on est honnête avec soi-même parce qu’elles sont toujours pénibles, douloureuses. C’est un peu tout ce que l’on voudrait spontanément rejeter ! On peut avoir l’illusion pendant un temps qu’on est quelqu’un de « bien » mais un cheminement en vérité nous conduira finalement à admettre que ce n’est pas si génial, qu’on ne deviendra jamais le grand saint qu’on rêvait (peut-être ?) d’être par soi-même. Et si ce n’est pas possible par soi-même, alors on est obligé de s’en remettre à un autre ou d’abandonner tout à fait.
Les petites morts sont des arrachements qui viennent en réalité à notre secours parce que l’on n’était pas prêt à donner.
C’est alors le moment de se convertir vraiment, c’est à dire de commencer à dire à Dieu : « sans toi, que je ne peux pas », ce que nous dit d’ailleurs explicitement Jésus dans l’évangile : « En dehors de moi, vous ne pouvez rien faire » (Jn 15 ; 5). Jusqu’à présent, on pensait peut-être avoir besoin du Seigneur, de son aide, mais seulement comme un soutien extérieur. Le moment est venu de comprendre que c’est Dieu seul qui peut le faire en nous : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui est en moi » (Ga 2 ; 20). Cette phrase de saint Paul est extrêmement audacieuse et avant qu’on en vive effectivement, il faut souvent beaucoup de temps. Ces petites morts sont donc des arrachements qui viennent en réalité à notre secours parce que l’on n’était pas prêt à donner. Notre richesse nous est enlevée pour nous permettre de devenir ce pauvre. Elles sont d’abord un mal évidemment comme toute forme de souffrance sur cette terre. Mais Dieu s’en sert merveilleusement pour les transformer en bien. L’exemple le plus éminent de ce retournement dont Dieu est capable est la crucifixion du Christ, le plus grand des maux de toute l’histoire de l’humanité, la mise à mort de Jésus, qui est en même temps le plus grand des biens qui ait jamais été fait : le salut du genre humain !
Vous évoquez une différence entre « mort passive et active », où placez-vous la nuance ?
Une mort passive c’est une croix de notre quotidien que nous avons encore à reconnaître comme telle pour coopérer au dépouillement que le Seigneur nous demande à travers elle. Je développe un peu dans mon livre cette question des épreuves et des sécheresses spirituelles, ces choses que l’on n’a pas choisies, et par lesquelles on est dépouillé, jusque dans sa prière. On pourrait se dire en effet que quelqu’un qui est parti au monastère par exemple, s’est enlevé beaucoup de problèmes de l’existence. Après avoir franchi ce pas, sa vie sera plus facile. En fait, ce n’est pas nécessairement vrai car cet enjeu de dépouillement ne concerne pas moins le moine que celui qui vit dans le monde. Il se peut même qu’il soit encore plus éprouvant au monastère que dans le monde ! La dimension active que j’évoque concerne, elle notre participation active à cette œuvre de dépouillement. C’est ce que l’on appelle l’ascèse, dans la tradition chrétienne. On choisit volontairement de se priver de quelque chose, concrètement pour laisser de la place au Seigneur. On voit bien dans l’évangile, en particulier, que Jésus lui-même a jeûné et nous invite à l’imiter.
Vous avez fait des études d’ingénieur et travaillé six ans avant de recevoir, lors d’une adoration du Saint -Sacrement, l’appel du Seigneur à Le suivre. Vous avez donc reçu votre vocation à 28 ans, alors que vous étiez déjà dans la vie active. Est-ce que vous pouvez nous témoigner de petites morts que vous avez traversées en répondant à cet appel ?
S’il s’agit de parler de ma vocation, alors je dois dire que c’est plutôt d’abord une assez « grande mort » que j’ai dû affronter : j’avais prévu de me marier, avoir des enfants, une famille. Il a fallu que j’y renonce parce que j’ai compris, un jour, que le Seigneur m’appelait à Le suivre. J’ai dû faire le deuil, précisément, de cette perspective de vie qui était la mienne, pour accueillir celle d’un autre. J’ai fait mienne la prière du Seigneur au Mont des Oliviers « non pas ce que je veux, mais ce que Tu veux » (Mt 26 ; 39). Ce n’était pas de l’ordre de l’agonie de Jésus, bien sûr, mais ça a été un vrai combat pour moi. J’ai dû me battre pour accepter cette nouvelle perspective de vie. J’ai dû aussi renoncer à un travail que j’aimais.
Ensuite, il est facile de suivre le Christ tant qu’il se fait notre consolateur. Mais il faut encore accepter le silence du Seigneur dans sa vie quand il se tait, quand il a l’air absent, accepter d’entrer dans une vraie relation de foi qui n’est pas de l’ordre du sensible. Cela aussi c’est un deuil bien rude à vivre dans un cheminement de vie chrétienne pour un nouveau converti.
Un renoncement peut être un acte d’amour, lorsqu’on se dit que notre volonté propre est trop présente, et qu’on choisit d’y renoncer pour laisser la place au Seigneur.
J’ai souvent médité sur cette phrase d’Isaïe : « Vraiment, tu es un Dieu qui se cache » (Is 45, 15-23) ! Après avoir connu de nombreux moments de ma vie où Il n’était pas caché du tout. Saint Jean de la Croix, qui est le « docteur de la nuit », nous fait bien comprendre que, en se cachant, le Seigneur nous permet de rentrer dans le vrai mystère de la Foi qui est l’amour de Dieu pour Dieu et pas l’amour de Dieu pour nous, pour les consolations qu’Il nous donne. On peut aussi rêver qu’avec le compagnonnage du Christ, dans la Foi, on se transformera en un clin d’œil. C’est alors aussi un deuil d’accepter l’entrée dans une vraie démarche humble, une croissance à notre mesure, un cheminement de ce qui nous correspond et pas un fantasme de sa vie chrétienne.
Ce livre, par exemple, je ne savais pas trop s’il sortirait. Et en fait, c’est très intéressant, il a fallu que j’en fasse le deuil pour qu’il voit le jour. Ce qui se joue est de l’ordre du mystère, ces petites résurrections qui passent par une déception, un abandon et qui ouvrent sur une vie nouvelle. Un renoncement peut être un acte d’amour, lorsqu’on se dit que notre volonté propre est trop présente, et qu’on choisit d’y renoncer pour laisser la place au Seigneur. En fait, vous devez « redevenir comme des petits enfants » (Mt 18, 3), dit Jésus. Et le propre de l’enfant c’est d’être humble.
Que diriez-vous aux parents qui s’interrogent sur la façon d’élever leurs enfants en les préparant à la mort. Quelles pistes ou quels conseils pourriez-vous leur apporter ?
À notre époque, on a tendance à beaucoup cacher la mort aux enfants. On a tendance à la cacher à tout le monde d’ailleurs. Pour moi, c’est une très mauvaise chose car il est bien évident que la mort fait partie de la vie. Et si elle est privée d’espérance, alors elle est insupportable et on la cache. Mais si dès la petite enfance on nous éduque dans l’espérance, dans la Foi, alors cela change tout. On s’efforce souvent de minimiser le drame de la mort, voire de l’évacuer pour ne pas en parler. Je crois personnellement qu’il faut l’affronter… Un chrétien en tout cas est très armé pour cela : il a la connaissance du mystère du Christ, du mystère pascal, qui suppose que Jésus soit lui-même mort. On montre bien la Croix aux enfants. On peut leur expliquer : Jésus a été plus fort que la mort. Il l’a traversée. Il a fait ça pour moi, pour toi. Et c’est pour cette raison que pour nous maintenant, la mort ce n’est pas si grave. Elle fait partie de la vie. On peut la regarder en face parce que Jésus l’a vaincue, parce qu’Il est plus fort qu’elle.
Si on permet aux enfants de croire, alors ils vont devenir capables de dépasser la mort, et cela, souvent mieux que les plus grands.
En la matière, les enfants ont un don particulier : ils sont naturellement prédisposés pour croire. Et si on leur permet de croire, alors ils vont devenir capables de dépasser la mort, et cela, souvent mieux que les plus grands. Quand on voit des témoignages de jeunes enfants qui sont très gravement malades, on constate que c’est parfois eux qui remontent le moral de leurs parents, c’est assez impressionnant. Il y a quelque chose en eux d’une simplicité, d’une pauvreté de cœur qui fait qu’ils ont une disponibilité pour la vie de Dieu qui est immense, qui est bien meilleure, bien plus forte que nous. Donc pour moi les enfants sont plutôt plus capables d’affronter la question de la mort que les parents. Il faut aussi les aider à accepter leurs faiblesses, accepter qu’ils ne savent pas tout faire, en leur rappelant toujours qu’ils sont aimés de Dieu. C’est cela qui est premier. Il faut leur apprendre à regarder leur vie sous le regard de Dieu, dans leur prière quotidienne, les aider à faire un examen de conscience de leur journée…
Quelles paroles pouvez-vous apporter aux personnes qui s’apprêtent à vivre ce passage de la mort ?
Je dirais que quelqu’un qui est humble n’a rien à craindre. Si besoin, je préciserais que ce qui peut nous couper le Dieu, c’est l’orgueil. Mais s’il se présente devant lui comme un petit, comme quelqu’un qui n’a pas de droits, comme quelqu’un qui est pauvre, qui est pécheur, humblement, confiant dans son Père, alors il sera sauvé. C’est sûr, c’est une certitude. S’il est capable de dire à un prêtre : « Voilà ce que j’ai fait de moche (ou de très moche) dans ma vie, je voudrais demander pardon au Seigneur pour tout cela ». Si son cœur y est, je suis certain qu’il ira au ciel. Et ce qui est génial avec la confession, c’est que l’interface du prêtre me pousse à vivre la démarche humblement : il faut bien que je me fasse tout petit devant un tiers !
Que dire à ceux qui ne veulent pas se poser la question, qui disent « on verra bien » ?
Ce que j’essaie d’abord de dire, c’est qu’on a une intuition naturelle de la vie après la mort, en particulier parce qu’on continue à aimer les défunts qu’on a aimés avant leur mort. Naturellement, notre amour traverse la mort. Et si vraiment il n’y a rien au-delà, alors c’est absurde. C’est comme s’il y avait une intuition naturelle universelle de vie plus forte que la mort, de vie au-delà de la mort. Cela seul suffit à poser la question de l’espérance, de la Foi. Ensuite, si cette vie au-delà de la mort est bien la nôtre, sans quoi elle ne nous intéresserait pas, alors il faut nécessairement qu’il y ait une continuité avec celle de ce monde et non pas seulement une rupture. Est-ce que je suis donc disponible aujourd’hui pour une vie qui peut durer toujours ? Qu’est-ce que ça peut vouloir dire ? Et il faut bien qu’elle soit heureuse, cette vie !
Tout cela ouvre sur de grandes questions et notamment celle de la Foi. Mais c’est souvent la vulnérabilité qui rend possible l’acte de Foi. Tant que les gens ne sont pas fragilisés, ils ne sont souvent pas prêts à faire cette démarche. Je leur en parle malgré tout pour que le jour où ils seront en situation de vulnérabilité, ils osent une prière : « Le jour où vous n’irez pas bien, vous pourrez essayer. Qu’est-ce que cela vous coûtera alors ? Essayez de prier, vous verrez bien. Peut-être que vous y trouverez une forme de consolation, de paix, peut-être qu’il va se passer quelque chose ? Aujourd’hui, vous n’en voyez pas l’intérêt, vous ne vous rendez pas compte que ça vaut le coup parce que vous n’en avez pas l’expérience, vous pensez que n’avez pas le temps… Mais peut-être aussi qu’un jour viendra où vous pourrez et voudrez essayer ! »