Chers paroissiens,
Le fruit immédiat de la venue de l’esprit à la pentecôte est que les disciples se mettent à « parler en d’autres langues, selon que l’esprit leur donnait de s’exprimer. » ( Ac 2,4). Ce qu’ils proclament alors sont « les merveilles de Dieu » (Ac 2,11), c’est-a-dire la grande œuvre de salut accomplie en Jésus le Messie. Ils comprennent à présent d’une manière nouvelle ce que Jésus a fait par sa mort et sa résurrection, et ils sont capables de le proclamer avec audace et conviction.
La Pentecôte est l’ ‘inverse de la malédiction de Babel, où Dieu confondit le langage des hommes à cause de leur orgueil (Gn 11, 1-9). La désintégration de la société humaine causée par le péché est à présent vaincue par la puissance unificatrice de l’Esprit, alors que des hommes de toutes les nations qui sont sous le Ciel se rassemblent autour de l’Eglise remplie de Esprit Saint. Au lieu de « se faire un nom » comme les habitants de Babel (Gn 11, 4), ils « invoquent le nom du Seigneur. » (Ac 2, 21)
Le don des langues est en lien étroit avec la louange (Ac 2, 11; 10, 46). En tant que phénomène charismatique, il est un signe de la présence de l’Esprit, une invitation à la foi. Cependant, il ne peut pas contraindre la foi : quelques- unes des personnes présentes concluent que les disciples étaient ivres (Ac 2, 3)! Une certaine ironie se cache sous cette accusation d’être « pleins de vin doux » : dans l’Ancien Testament, le vin doux (ou le vin nouveau) symbolise la joie et les bénédictions abondantes que Dieu donnerait à son peuple lors de l’avènement de l’ère messianique (Jl 3,18; Am 9, 13-14 ; Za 9, 16-17). Jésus a laissé entendre qu’il donnerait lui-même le « vin nouveau » de la vie divine (Cf. Mc 2, 22 ; Jn 2, 10) qui doit être mis dans des outres neuves. A présent, la nature de ce vin nouveau apparaît clairement : il s’agit de l’Esprit Saint ! Paul réaffirme ce lien entre le vin et l’Esprit dans Ephésiens 5, 18 : « Ne vous enivrez pas de vin […] mais cherchez dans l’Esprit votre plénitude. »
En réponse à l’accusation d’être « pleins de vin doux », Pierre, le chef des Apôtres, se lave et prononce un discours dans lequel il interprète prophétiquement la manifestation de l’Esprit qui vient d’avoir lieu (Ac 2, 14-39). Le don
de l’Esprit Saint, explique-t-il, est l’accomplissement de l’Ecriture, en particulier de la promesse que Dieu a faite de répandre son don de prophétie sur tout son peuple (Jl. 1-4). Le don de l’Esprit fait de l’Eglise une communauté de prophètes, c’est-a-dire d’hommes et de femmes capables de parler au nom de Dieu et d’interpréter ses hauts faits sous l’influence de l’Esprit. La prophétie peut se manifester par des visions et des songes (Ac 2, 17), fréquents dans le livre des Actes des Apôtres. Ces charismes sont le signe que nous sommes dans les « derniers jours » bien que l’œuvre de l’Esprit ne sera pleinement réalisée qu’au « jour du Seigneur » (Ac 2, 20), qui est le jour de la venue de Jésus en gloire et de la résurrection des morts.
Dans ce résumé de la Bonne Nouvelle (Ac 2, 22-36), Pierre explique que le don de l’Esprit est une conséquence directe de la Résurrection et de l’Ascension de Jésus :
« Et maintenant, exalté par la droite de Dieu, il a reçu du Père l’Esprit Saint, objet de la promesse, et l’a répandu. C’est là ce que vous voyez et entendez. » (v. 33)
Parce que Jésus a lui-même reçu l’Esprit dans son humanité glorifiée, il peut le répandre sur son Eglise (Cf, Jn 7, 39). Ce don est déjà visible aujourd’hui, mais il connaitra son plein accomplissement au dernier jour lors de la résurrection (AC 24,15).
Luc nous décrit l’effet d’une prédication dans l’onction de l’Esprit Saint : à la conclusion du discours de Pierre, les auditeurs ont « le cœur transpercé », c est-à-dire qu’ils font l’expérience d’une profonde conviction de péché et prennent
conscience de leur besoin d’être pardonnés. Lorsqu’ ils demandent à Pierre ce qu’ils doivent faire, celui-ci répond :
« Repentez-vous, et que chacun de vous se fasse baptiser […] et vous recevrez alors le don du Saint-Esprit. » (Ac 2, 38)