Chers paroissiens,
La vie dans l’Esprit
L’expérience puissance du Saint-Esprit à laquelle Paul fait référence n’est pas une vague expérience religieuse ni un « sommet spirituel ». C’est l’expérience même de la réalité de l’Évangile, c’est-à-dire de la réalité de l’amour de Dieu manifesté dans la mort et la Résurrection de son Fils Jésus, qui nous libère du péché et nous introduit dans une nouvelle relation avec lui (Rm 5, 5 ; Ep 1, 5-8). L’Esprit Saint fait de l’œuvre de rédemption accomplie par Jésus Christ une réalité efficace, une vie qui pénètre peu à peu toute la vie du croyant. Paul décrit de différentes manières ce travail continu de l’Esprit Saint : révélation, sanctification, liberté, renouveau, filiation.
L’Esprit agit principalement dans le cœur, ce lieu caché en chacun. Il illumine les yeux de notre cœur (Cf. Ep 1, 18) en révélant les dons de Dieu, « ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment. » (1 Co 2, 9-12) Cela signifie que l’Esprit fait connaître à chacun personnellement le don que Dieu nous a fait en nous envoyant son Fils. Par l’Esprit, Dieu ne révèle pas seulement des doctrines ou des préceptes, mais lui-même (1 Co 2, 11). Les chrétiens découvrent que Jésus est le Sauveur en étant sauvés eux-mêmes, et connaissent Dieu « Abba, Père » en devenant ses fils et filles (Rm 8, 1s ; Ga 4, 6).
La révélation donnée par l’Esprit Saint conduit à un changement de vie progressif :
« Et nous tous qui, le visage découvert, réfléchissons comme en un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en cette même image, allant de gloire en gloire, comme de par le Seigneur, qui est Esprit. » (2 Co 3, 18, voir aussi Rm 8, 29, Col3, 10)
Paul appelle souvent ce processus « sanctification », c’est-à-dire devenir saint, « mis à part » pour Dieu. Les chrétiens sont déjà sanctifiés par l’Esprit lors du baptême (1 Co 1, 2 ; 6, 11), et en même temps ils vivent un processus de sanctification en coopérant avec le travail de l’Esprit Saint en eux (Rm 15, 16 ; 1 Th 4, 3 ; 5, 23).
L’Esprit libère de la Loi (Rm 8, 2 ; Ga 5, 18), d’une Ioi reçue comme une contrainte extérieure qui menace de nous condamner (Rm 8, 1 ; Ga 3, 10). L’Esprit, en revanche, nous pousse à nous abandonner à Dieu spontanément, dans une démarche qui vient du cœur, et à lui témoigner en retour un amour filial, la confiance et l’obéissance. La vie chrétienne est ainsi décrite comme étant « menée » (Ga 5, 16.25) ou « animée » (Rm 8, 14 ; Ga 15, 18) par l’Esprit.
Bien que la sanctification soit l’œuvre de Dieu et non celle d’un effort humain, le croyant ne reste en aucun cas passif dans ce cheminement. Recevoir l’Esprit Saint, c’est commencer un combat spirituel sans répit: le combat entre la chair et l’Esprit, entre l’inclination humaine au péché et les appels de l’Esprit à la sainteté. C’est la bataille de toute une vie, au cours de laquelle nous devons constamment choisir de céder à l’Esprit et de rejeter la chair. Voici l’exhortation de Paul
« Laissez-vous mener par l’Esprit et vous ne risquerez pas de satisfaire la convoitise charnelle. Car la chair convoite contre l’Esprit et l’Esprit contre la chair. » (Ga 5, 16-17 ; Cf. Rm 8, 1-13)
Le travail de sanctification opéré par l’Esprit dans la personne ne sera pleinement achevé que lors de la résurrection des morts, lorsque le corps lui-même sera devenu un « corps spirituel » et participera de la gloire divine (1 Co 1 5, 44-49)
Bonne semaine Père Gérard