Chers Paroissiens,
En ce dernier dimanche de l’année liturgique, nous fêtons le Christ Roi de l’univers.
Aujourd’hui, nous dirions : président de l’univers ou Premier ministre de l’univers ou secrétaire général…
Qu’est-ce que ces titres signifient aujourd’hui ?
Une autorité morale, un pouvoir politique, financier, juridique ?
Quand Pilate interroge Jésus : « Es-tu roi ? ». Jésus lui répond : « C’est toi qui le dis. » Dans la tête de Pilate, ce titre est politique, à la rigueur moral. Pour Jésus, ce titre est d’abord un service. Et souvent, dans la bible, le titre de roi du côté de Dieu est vu comme un service rendu au peuple de Dieu, du côté des hommes comme un pouvoir pour guider, conduire. Du côté du roi, ce titre est souvent vécu comme une autorité qui s’exerce à la rigueur par la sagesse, mais souvent par la force.
Le côté révolutionnaire de ce titre « Roi de l’univers » attribué au Christ est que sa couronne est d’épine, son sceptre un roseau, son trône une croix, son habit la nudité. Nous sommes dans les signes de ce titre à l’inverse des signes attribués à un roi (couronne d’or, sceptre de fer, habit de pourpre…).
Le seul pouvoir de ce roi de l’univers est l’amour dont l’extrême expression est même l’amour de l’ennemi. Pour comprendre ce que nous fêtons aujourd’hui « le Christ roi de l’univers » il faut entrer dans cette optique de l’Amour. Or le pouvoir de l’Amour imposé dans un monde du pouvoir de l’argent, de la puissance militaire, de la force ne peut recevoir que violence, incompréhension, révolte. C’est ce que nous recevons dans tous les débats sociaux d’aujourd’hui sur l’accueil des migrants sur lequel insiste beaucoup notre pape actuel, mais aussi sur l’avortement, l’euthanasie, le respect de la vie, le transgenre… etc. Il est à remarquer que l’église s’appuie toujours sur la raison, la science pour appuyer son pouvoir de l’Amour.
Combien je constate dans les préparations au mariage, au baptême où j’aborde ces débats, les arguments contraires sont du politiquement correct, mais quand on rentre un peu plus profondément il y a blocage. Aussi, cela ne sert pas à grand- chose d’argumenter, l’ambiance est trop contraire et le pouvoir éthique basé sur la démocratie, c’est-à-dire que la voie de la majorité est trop forte. Il n’y a plus ce que manifeste notre roi que nous fêtons en ce jour, l’autorité de l’amour, la souffrance morale et physique vécue dans l’union intime avec Jésus crucifié. Là, est la victoire de l’Amour.
J’ai un ami prêtre de 57 ans, décédé dernièrement de la maladie de Charcot qui a vécu son identification à Jésus souffrant pour ses paroissiens, pour l’église, le monde. S’il nous faut répondre quand on nous le demande, il faut accepter que le message ait du mal à passer, car il n’est pas de ce monde.
Bonne fête du Christ Roi de l’univers. Père Gérard