Chers paroissiens,
Tout au long du livre des Actes, il apparaît clairement que la venue de l’Esprit n’est pas quelque chose d’imperceptible mais une réalité visible et qu’il est impossible de ne pas remarquer : « C’est là ce que vous voyez et entendez. » (Ac 2, 33) Ceux qui reçoivent l’Esprit ont immédiatement conscience de sa présence et de son action dans leurs vies. Les effets de l’effusion de l’Esprit Saint telle qu’elle est décrite dans les Actes des Apôtres peuvent se résumer comme suit :
L’Esprit induit un changement de vie. Ceci est particulièrement évident chez Pierre : ce pêcheur craintif et rempli de doutes qui avait renié Jésus trois fois est à peine reconnaissable dans ce Pierre audacieux et rempli d’Esprit Saint qui prêche à des milliers de personnes et guérit un paralysé d’un seul mot. L’Esprit s’accompagne d’une atmosphère de joie et de louange continuelle, même au cœur de la persécution. Les charismes de prophétie et de langues particulièrement évidents sont étroitement liés à la louange de Dieu. Les disciples accomplissent de nombreux signes et prodiges au nom de Jésus. Ils proclament la Bonne Nouvelle avec une nouvelle audace, même au risque d’être battus, emprisonnés ou martyrisés. Enfin, l’événement de la Pentecôte donne aux premiers chrétiens une profonde communion les uns avec les autres, une unité de cœur qui dépasse largement les limites des intérêts communs, des compatibilités d’humeur ou des milieux socio-économiques (Ac 2, 42 ; 4, 32).
Le baptême, l’imposition des mains et le don de l’Esprit:
Bien que la Pentecôte soit un événement unique et paradigmatique pour l’Église, c’est aussi une grâce qui a constamment besoin d’être renouvelée et approfondie.
La réponse de Pierre en Actes 2, 38 réaffirme le lien entre l’expérience pentecostale et le baptême sacramentel. Pierre indique que le don de l’Esprit se reçoit par la médiation de l’église à travers le baptême dans l’eau. Le sacrement du baptême et l’expérience de la Pentecôte sont donc intimement liés. Bien que telle soit la norme, Luc rapporte cependant des événements au cours desquels le baptême et la descente de l’Esprit ne se produisent pas au même moment.
Dans le récit de la « Pentecôte des Samaritains » par exemple, Philippe baptise des Samaritains devenus croyants en l’entendant prêcher. Cependant, ils ne reçoivent l’Esprit qu’après que les Apôtres, venus de Jérusalem, leur aient imposé les mains (Ac 8, 12-7, voir aussi 9, 17-18 ; 19, 5-6), un geste que l’Église reconnaît comme faisant partie du sacrement de Confirmation. Inversement, lors de la « Pentecôte des Païens » (Ac 10-11), Corneille et sa maisonnée reçoivent l’effusion de l’Esprit Saint avant tout rite sacramentel. Luc explique ce phénomène en précisant que le premier baptême de non-juifs constituait une étape majeure dans la croissance de l’Église : le fait que même des non-juifs puissent être agrégés au peuple de Dieu était une idée si radicalement nouvelle que Dieu devait rendre cette intégration incontestable. Luc narre la façon dont l’Esprit Saint a orchestré l’événement : Corneille reçoit la visite d’un ange, Pierre a une vision du Ciel au cours de laquelle l’Esprit s’adresse à lui directement, et juste à ce moment-là arrive une délégation de la maison de Corneille. L’histoire culmine au moment où Pierre prêche l’évangile à Corneille et à ses amis réunis :
« Pierre parlait encore quand l’Esprit Saint tomba sur tous ceux qui écoutaient la Parole. Et tous les croyants circoncis qui étaient venus avec Pierre furent stupéfaits de voir que le don du Saint-Esprit avait été répandu aussi sur les païens. Ils les entendaient en effet parler en langues et magnifier Dieu. Alors Pierre déclara: « Peut-on refuser l’eau du baptême à ceux qui ont reçu l’Esprit aussi bien que nous? » Et il ordonna de les baptiser au nom de Jésus Christ. » (Ac 10,44-48)
Bonne semaine Père Gérard